— ou plutôt Belle, comme chacun la nommait — la mère de Charlette ; lui qui savait pourquoi l’éminent marin Raoul de Jonquier avait brusquement abandonné sa carrière quatre ans auparavant, pourquoi la pauvre Charlette avait été reléguée à la campagne chez sa grand’mère maternelle ; il eut un serrement de cœur en songeant à l’avenir de cette frêle créature qui lui était si chère. Assombri, il paya le cocher, puis s’occupa de décharger les malles sans plus faire d’observations à la jeune fille.
Peu après, elle sortit doucement de la voiture, et suivit en silence son compagnon sous le porche.
L’appartement des du Jonquier était situé au rez-de-chaussée. Une femme inconnue à Charlette ouvrit.
— Ah ! c’est mademoiselle ! constata-t-elle d’une voix froide, en s’effaçant après avoir examiné les voyageurs.
Charlette fit quelques pas dans l’antichambre un peu sombre, très somptueuse.
— Maman ? fit-elle avec un élan.
— Madame n’est pas à la maison en ce moment.
Charlette s’arrêta.
— Maman n’est pas là ? balbutia-t-elle.
— Madame est sortie, comme d’habitude à cette heure-ci… Mais si mademoiselle veut se changer, voici sa chambre.