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s’y fût jetée, ses effrois, sa raison, sa volonté fondus en un souhait ardent de tendresse, d’amour.

Hallis hésita. Il apercevait son émoi, mais le pénétrait pas complètement. Malgré sa perspicacité aiguisée d’amant et de romancier, il était homme et ne parvenait pas à démêler le chaos de sentiments adorablement purs et de sensualité inconsciente qui se lève en une vierge que la passion commence à effleurer.

Elle eût été un peu moins innocente qu’il eût dû en cette minute se montrer prudent, de crainte de l’effaroucher. Telle qu’était Charlette, n’importe quel élan d’amour sincère l’eut conquise à jamais, l’eut faite, elle si seule, si abandonnée, esclave de celui vers qui s’élançait aveuglément sa nature aimante, son besoin d’adorer et d’être chérie.

Il crut se l’assurer en la tranquillisant ; d’ailleurs, il avait un projet qu’il tenait à réaliser. Des paroles quelconques firent oublier son émotion à Charlette, et, cinq minutes plus tard, tous deux causaient gaîment.

Que faites-vous ici toute seule ? demanda Hallis.

Elle désigna le roman abandonné, et avec une malice :

— Vous voyez, rien d’intéressant… je lisais.

Il sourit.

— Où est votre mère ?