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Charlette avait baissé la tête, craignant de laisser voir l’émotion qui l’avait saisie sans qu’elle pût la dominer. À cette nouvelle inattendue du départ de Hallis, elle s’était sentie frappée d’une douleur aiguë, comprenant pour la première fois la place étrange que cet homme tenait dans son âme.

Peu après, elle se leva.

— Je crains de manquer trop longtemps à madame Lechâtelier, murmura-t-elle.

Et, sans écouter la réponse de Belle, elle s’éloigna et regagna seule la petite boutique japonaise. Là, elle reprit sa place, soulagée d’avoir à s’occuper immédiatement de menues besognes, de devoir répondre à une quantité de banalités qui se croisaient de toutes parts. La vue d’’Eugène Lechâtelier enfin à son poste, et l’air rayonnant de la mère du jeune homme la laissèrent complètement indifférente, et elle ne sourcilla même pas en entendant la voix doucereuse de la vieille dame répondre à une amie :

— Mais oui, c’est un grand bonheur pour mon fils et moi d’avoir avec nous notre charmante Charlette… nous espérons bien la garder le plus longtemps possible.

Près de la jeune fille, Eugène devenu tout à coup familier lui faisait remarquer la façon « magistrale » avec laquelle il confectionnait un paquet, nouait la ficelle, et rejetait les ciseaux avec un grand bruit de ferraille.