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En ce moment, après une journée de tracas, lassé. par une série d’efforts intellectuels, il ne demeurait plus en lui que la force de faire face aux nécessités de sa position d’écrivain, que la volonté suffisante pour jouer le rôle complexe du joli garçon, de l’homme aimable et du potentat de la littérature dans lequel il excellait, et qui l’amusait, lorsque ses nerfs n’avaient pas été mis à contribution auparavant.

Malgré son irritation, son écœurement, il se dominait superbement, se faisant charmeur et despote, amant irrésistible et souverain autoritaire, à qui tous les caprices sont permis, conquérant sans difficultés ces deux Américaines pour qui il était invité chez Belle et pour qui il venait.

Par l’entremise de madame du Jonquier qui recevait beaucoup d’étrangères et qui se servait de l’appât de sa célébrité pour attirer de nouvelles recrues, il s’était créé par ses relations personnelles une situation littéraire tout à fait exceptionnelle aux États-Unis, où il était aussi goûté et peut-être plus célèbre qu’à Paris. Chacune de ses admiratrices devenait un précieux instrument de réclame, qu’il cultivait avec soin et dont il se servait avec une virtuosité sans égale. Il était le premier auteur qui eût inventé de publier ses romans en anglais aux États-Unis un peu avant qu’ils parussent en France, faveur adroite qui le faisait porter aux nues au-delà de l’Atlantique.