Page:Pert - Charlette.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

Cependant, elle ne tarda pas à revenir, le cœur plus affermi, guettant un mot, un signe… se rapprochant sournoisement de celui qui pour elle emplissait seul la pièce.

Elle n’avait rencontré qu’un coup d’œil distrait, un salut banal. Il n’avait pas interrompu sa conversation, il ne s’était pas détourné quand elle avait reculé, stupéfaite de cet accueil. Il avait ri, parlé avec d’autres… Il avait agi, en un mot, comme s’il ne se doutait pas qu’une petite créature ardente et naïve pâlissait, rougissait non loin de lui, dévorée d’émoi, de déception, de jalousie…

À l’annonce du dîner, il avait offert son bras à Mrs. Warnet, splendidement belle en une robe de dentelles blanches qui, par une audacieuse supercherie, semblait posée à clair sur son corps admirable, et il s’était éloigné, souriant à la jeune femme qui lui murmurait des paroles adulatrices ; tandis que Charlette muette, pétrifiée, se laissait emmener par Eugène Lechâtelier.

Par hasard, cette indifférence de Jean pour elle n’était pas calculée. Accablé d’affaires et de soucis, il était venu ce soir-là chez madame du Jonquier particulièrement énervé, tout à fait désintéressé de l’intrigue qui le passionnait naguère. Sa vie était extraordinairement surchargée, et il fallait son esprit souple, son énergie, son incroyable faculté de travail pour soutenir tout ce qu’il entreprenait.