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me sentis attiré vers lui comme par un aimant. Je jouai des coudes pour le rejoindre. Lorsque je ne fus plus qu’à deux mètres de lui, j’eus l’envie folle de prononcer son nom à haute voix et de me découvrir. Mais je me contins, par crainte de l’effrayer et me bornai à le suivre pas à pas.

Derrière lui, je m’arrêtai devant toutes les baraques foraines. Il me parut prendre plaisir aux boniments exhilarants des clowns, à l’appel des montreurs de phénomènes, à la lourde musique brutale des orgues et des orchestres.

Une demi-heure s’écoula. Tolstoï quitta la fête, sans m’avoir aperçu et s’engagea dans une ruelle qui conduisait à son logis. Chemin faisant, je rencontrai plusieurs personnes de ma connaissance qui l’avaient reconnu au passage et qui se joignirent à moi. Nous fûmes une vingtaine à l’accompagner jusqu’à sa porte. Le bon « grand-père » ne se douta pas un seul instant que nous formions, à quelques pas de lui, une véritable escorte