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Empêche-t-il jamais que de ses rudes traces,
L’hiver, géant sans peur, ne visite nos places ?

Toi donc aussi, Binic, prends ton parti soumis.
Et quand souffle la bise et que les longues nuits
Plus longtemps sur ta rive épaississent leur ombre,
Sache à la Providence en silence répondre ;
Et puisqu’autour de nous tout change avec le temps,
Résigne-toi sans plainte et laisse les autans
Disperser les débris de ta gloire flétrie.
Assez beau fut celui, qui du Ciel, sa Patrie
N’a point perdu la trace, et, matelot heureux,
Pour toujours jette l’ancre au rivage des Cieux.

J’ai dit vers l’occident ce qu’embrasse la vue
Des côtes de Pordic plânant à perte vue,
Sur les flots azurés que le grand Océan
Fait monter jusque-là de son bras de géant.
Grâce à son port, Binic sur tous ces bords domine.
C’est la Reine du lieu. Si constante voisine
La mer toujours au plein n’y décroissait jamais,
Rien ne manquerait plus à son complet succès.