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S’ils connaissaient leurs biens ; si leur rive embellie
De tant de dons divins, en sentait bien le prix.

Mais du reste partout pénètrent les soucis.
L’ajonc sous ses fleurs d’or n’a-t-il pas des épines ?
Et les grandes cités sont-elles sans ruines ?
J’ai dit Binic d’été sis à son beau soleil
Il peut alors oser se prétendre pareil
Aux aspects si vantés des classiques contrées
Que le génie antique a jadis illustrées.
Mais pour elles aussi les mauvaises saisons
Arrivaient à leur tour, et des blondes moissons
L’hiver les dépouillait : Ainsi sur son rivage,
Binic a son hiver. Il change de visage
Son front se découronne et son teint s’assombrit.

Mais où est la beauté que le temps ne flétrit ?
Le Port perd ses vaisseaux, la mer son flot tranquille,
La feuille sa verdure, et l’hirondelle agile
Fuyant le triste hiver, va dans d’autres climats
Qui de l’âpre saison ignorant les frimats
Lui en sauvent l’étreinte : et Brest a son rivage,
Et Lorge en sa forêt, et le Mené sauvage
Sur sa lande perché, subissent tous ses lois,
Lui-même l’homme armé qui veille auprès des Rois