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La feront aborder les vents et les orages.
De notre vie aussi savons-nous l’avenir ?
Quels en seront les flots ? comme elle doit finir ?

Oh ! oui, qu’à méditer ici le champ est vaste !
Et la vie et la mort s’y touchent : quel contraste !
Ces marins vivent, oui ; mais regardons près d’eux,
L’abîme est tout ouvert : le tronc d’un chêne creux
Les fait seul surnager, et si vient la tempête,
Chacun d’eux aussitôt va payer de sa tête.
Il semble en vérité que la vie et la mort
Montent sur le vaisseau pour voyager à bord.
Certes le matelot qui sur cette pensée,
Prend la mer, de grands flots déjà toute gonflée,
Peut bien, et même doit être grave et pieux,
Lui qui court sur la mer des dangers si sérieux.
Mais sans doute il écarte, entrant sur son navire,
Presque comme un remords, ce que je viens de dire,
Car si l’on y pensait, il faudrait s’étonner
Qu’on veuille être marin, qu’on aille s’embarquer.


Voyage malheureux en mer dans la baie de Saint-Brieuc.


Un autre souvenir, mais celui-ci plus sombre,