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Des hommes à la phrase arrondie au compas ;
Mais un cœur tout chrétien de leur rude nature
Tire des sentiments de la foi la plus pure ;
Et je ne doute pas qu’au moment solennel,
Où le maître du monde apparaît sur l’autel,
Dans leur naïve foi, ils n’en sachent produire
De semblables à ceux que je viens de décrire.

N’auraient-ils rien compris ? Le chant seul sur la mer
Fait qui sait réfléchir profondément penser.
Vibrant dans le cordage et rasant des abîmes,
Où peut dans un clin d’œil, jusqu’aux plus hautes cimes
Le mât même descendre, et l’hymne commencé
Finir pour les chanteurs dans leur éternité !
Ah ! que ce grand spectacle offre une ample matière,
Pour que du cœur s’élève une ardente prière.

Ce n’est pas tout encore et sur bien d’autres points
Il est plein d’intérêt d’observer ces marins.

Ceux-ci de l’ignorant tiennent en main le livre,
La couronne aux grains noirs ; ceux-là sur l’autre livre
Qui surmonte l’autel, sur le saint crucifix
Portent avec amour des regards attendris.
Puis pensent au départ, puis en terre étrangère