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Mais de tous ces rochers l’inébranlable crête,
Comme d’une ceinture, entoure les vaisseaux
Et préserve leurs flancs de la fureur des eaux.
Peut-être aussi (qui sait ?) qu’ayant été bénie,
Cette mer s’en souvient et calme sa furie.
Il m’en souvient aussi, j’en étais le témoin,
Et quoique ce beau jour de moi soit déjà loin,
Dans mon cœur à jamais en vivra la pensée,
Tant elle y fut alors profondément gravée.


Messe en mer au départ pour Terre-Neuve.


C’était un de ces jours qu’autrefois le Seigneur
Se réserva pour lui : un jour où du labeur
L’homme interrompt le cours, se rend au temple et prie.
Pèlerin du matin, j’allai de compagnie,
À nos marins Bretons dire un salut d’adieu,
Et les recommander à la garde de Dieu,
Sur ces flots si nouveaux, où loin de la Patrie,
À des dangers sans nombre ils exposent leur vie.

Le temps favorisait un voyage sur l’eau.
La brise se taisait, le soleil le plus beau,
Scintillait sur la vague, et quatre bras agiles
Saisissant l’aviron, bientôt de plusieurs milles,