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Sur le flot argenté, j’ai beau chercher au loin,
L’œil ne voit plus que l’eau : l’intrépide marin
Sait seul s’il est encore au-delà quelque terre.
Du rivage j’ignore et ma faible paupière
En face n’aperçoit que la mer et les flots.

Est-ce donc la limite où le sol et les eaux
Se donnent rendez-vous au théâtre de gloire,
Prétendant l’un et l’autre emporter la victoire ?

Au moins ici voit-on de ces deux élémens
Le combat à outrance et de tous les instans.
Le flot bruyant, rapide accourant avec rage,
Va faire, on le croirait, reculer le rivage.
Celui-ci sans céder, au terrible élément
Ne cesse d’opposer son immobile flanc.
Il ne reconnaît point ce lieu pour sa frontière,
Ni ces flots comme étant sa limite dernière.

Voyez ces bâtiments qui cinglent vers le nord,
Que vont-ils en effet chercher ? La terre encor.
La puissante Albion dans sa large Tamise
Au-delà de ces flots, sur son or est assise.
Ces barques de l’Anglais vont visiter les ports,
Et du marchand avide accroître les trésors.