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Le prix de revient hors rémunération du travail familial (coût de production déduction faite des produits joints et des aides) était le plus faible en 2002 dans ce groupe en recher­che d’économies de gamme (- 17 €/1 000 l par rapport à la moyenne), mais c’est tout juste le cas en 2008. Certes, l’évolution des charges opérationnelles a été plus modérée que dans les groupes en croissance, notamment sur l’alimentation(+ 23 €/1 000 l contre + 31 et + 35) mais la hausse des charges de structure a été moins compensée par un effet de dilution liée à la hausse de production laitière. Finalement, comme la productivité du travail sur l’atelier laitier est désormais beaucoup plus faible dans ce groupe économies de gamme (la moitié de celle affichée par le groupe en croissance forte), l’amélioration de la rentabilité de l’ate­lier par unité de main d'œuvre a été beaucoup plus forte dans les exploitations en crois­sance. C’est particulièrement vrai en 2008 (prix du lait élevé), mais c’est aussi souvent le cas sur la période 2002-2008, sauf quand le prix du lait, comme en 2006, se rapproche du prix de revient avant rémunération du travail familial du groupe en forte croissance (qui affiche toujours le prix de revient le plus élevé). Le groupe en recherche d’économies de gamme ne retrouve, pour l’atelier lait, son niveau de rémunération par UTA de 2002 qu’à la faveur des conditions de 2008, après avoir connu une variabilité sensible sur ce critère même si, sur l’ensemble de l’exploitation (avec les cultures de vente notamment), les résultats/UTA sont plus stables et d’un niveau satisfaisant.

Conclusion et enseignements

Au niveau économique, les conclusions ne confortent que partiellement les hypothè­ses de départ. Certes, les résultats économiques globaux des exploitations de polyculture-élevage laitier sont très bons. Mais cette performance n’exploite pas pleinement les différentes sources d’économies de gamme, en privilégiant au contraire la mise en œuvre d’économies d’échelle sur chacune des productions phares (le lait et les cultures de vente) pour concen­trer de fait la recherche d’économies de gamme sur l’optimisation de l’emploi du facteur travail.

La présence de 2 (voire 3 avec la viande bovine) productions assez complémentaires dans ces exploitations aboutit en effet à une très forte productivité du travail global qui per­met d’accéder à un niveau supérieur de rémunération du travail. Sur l’atelier laitier, les per­formances économiques des polyculteurs-éleveurs sont d’ailleurs bonnes sans être exceptionnelles, même en comptant la très bonne efficacité de l’emploi du facteur travail. C’est plutôt la combinaison des 2 voire 3 activités qui assure le succès économique de ce système de production diversifié. La recherche de forts gains de productivité (du travail, des surfaces, des animaux) a orienté la plupart des exploitations vers une forme de simplifica­tion des systèmes, jugée par une majorité d’agriculteurs non compatible avec des écono­mies de gamme « attendues » dans des exploitations associant cultures et élevage (meilleure autonomie alimentaire du troupeau, rotations longues, optimisation de l’emploi du parc de matériel,etc.).

Sur le plan environnemental, les exploitations de polyculture-élevage utilisent plus d’intrants et plus d’énergie pour produire du lait. Par litre de lait, lorsque l’efficacité productive est au rendez-vous, et c’est souvent le cas, les impacts potentiels sont assez « dilués » puis­que les rendements par vache sont plus élevés que dans les exploitations d’élevage (10 % en plus). C’est en particulier le cas pour le méthane entérique et les émissions d’ammoniac.

Notes et études socio-économiques no 37 - Janvier-Juin 2013 ■ 2 7