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d’exploitations (système mixte ou spécialisé). Pour les coproduits de l’atelier laitier (lait, viande issue des vaches de réforme et veaux de 8 jours), le mode d’allocation retenu est basé sur le contenu protéique des produits (Dollé JB et al., 2009). Au final, les indicateurs environnementaux analysés sont ainsi exprimés par unités de lait produit[1].

3.2. Résultats

Des analyses de variance ont été réalisées sur la base de données ainsi constituée à partir des indicateurs calculés pour chaque ferme des Réseaux d’élevage. Ces analyses séparent l’effet du niveau d’intensification animale (qui dilue certains impacts lorsqu’ils sont ramenés au litre de lait), de différents effets systèmes (polyculture-élevage vs élevage, systèmes fourragers, agriculture biologique).

L’effet de l’intensification animale (lait produit par vache) est particulièrement marqué lorsque l’on considère les émissions brutes de GES par litre de lait en raison du fort poids relatif du méthane (plus de 40 % des émissions) produit par la fermentation entérique (diges­tion des aliments). Lorsque le rendement laitier progresse, la production de méthane par vache augmente, mais beaucoup moins que la production laitière (Vermorel et al., 2008), d’où la dilution observée. Lorsque l’on considère l’ensemble des émissions brutes de GES, ou les émissions nettes (après déduction du carbone stocké sous les haies et prairies), cet effet est cependant de moins en moins marqué en raison des effets induits sur les autres émissions de GES par l’intensification animale.

Toutes choses égales par ailleurs, les exploitations qui pratiquent actuellement un sys­tème de polyculture-élevage ont, en moyenne, un impact environnemental plus fort (émis­sions de GES, eutrophisation, consommation d’énergie) pour produire 1 000 l de lait que les exploitations laitières spécialisées de plaine, en raison de la tendance à l’intensification du système de production mise en évidence dans l’analyse économique (le fort niveau de pro­ductivité du travail constaté en moyenne est obtenu grâce à des niveaux de productivité éle­vés des surfaces et des animaux). Le bilan azoté de ces exploitations mixtes (à l’échelle de l’exploitation, intégrant les entrées et sorties pour la partie cultures de vente) n’est pas sta­tistiquement différent alors que l’on pouvait s’attendre à un effet bénéfique de la présence des cultures du fait des exportations d’azote plus importantes avec les produits végétaux qu’avec les produits animaux.

Le critère retenu pour caractériser globalement le niveau d’intensification des ateliers laitiers de plaine est la place relative de l’herbe et du maïs ensilage dans le système four­rager (Institut de l’Élevage, 2002). L’effet du système fourrager est significatif pour la plupart des critères et particulièrement marqué pour les émissions nettes de GES par litre (stockage plus important dans les systèmes herbagers). De même, les risques d’eutrophisation ou le bilan azoté sont moins élevés dans les systèmes herbagers ou herbe-maïs par rapport au témoin « maïs », qui est le système dominant dans les exploitations françaises de plaine. Toutefois, on observe une certaine dispersion des résultats en dépit de l’utilisation du critère « système fourrager » pour caractériser les exploitations. Pour les exploitations herbagères en agriculture biologique, l’impact environnemental potentiel est réduit de 20 à 50 % suivant les critères et même encore davantage pour le bilan azoté par hectare.

  1. 5. Pour plus de détails sur ce volet d’analyse environnementale, voir le rapport complet de l’étude, en ligne sur http://agriculture.gouv.fr/Economies-d-echelle-et-economies

2 2 ■ Notes et études socio-économiques n° 37 - Janvier-Juin 2013