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Sur ce critère global, nous sommes donc passés d'une situation de déséconomies d’échelle en 2002, alors que les grandes exploitations sortaient d’une phase d'investissement intense en bâtiment avec le Programme de Maitrise des Pollutions d’Origine Agricole (PMPOA), a une situation d’économies d’échelle, significatives depuis 2008 et de plus en plus prononcées. Cette dernière évolution doit beaucoup a la gestion nationale des volumes dans le cadre de la sortie progressive des quotas laitiers au niveau européen. La dimension moyenne des ateliers laitiers a augmenté autant entre 2007 et 2010 qu’entre 2000 et 2007 (de 70 a 80 000 | en plaine). Ces volumes supplémentaires ont permis de diluer de façon importante les charges fixes en bâtiments (qui restent élevées dans les grandes exploitations) et mécanisation (poste sur lequel les économies d’échelle sont nettes depuis plus longtemps).

Ces économies d’échelle sur les charges de structure viennent donc compenser de façon de plus en plus nette les déséconomies d'échelle constatées sur les coûts d’alimentation achetée (plus élevés par litre dans les grandes exploitations car elles visent généralement un fort rendement par vache). En 2010, il y a désormais 21 €/1 000 | d’écart entre le cout de production hors charges supplétives des exploitations de plaine de la classe moyenne (300 - 400 000 |) et celui des 2 000 plus grandes exploitations françaises (1 000 000 l de moyenne, représentées par un échantillon de 64 exploitations dans le RICA 2010}, ou 56 €/1 000 | en incluant la rémunération du travail familial. L'écart s’accroit quand on comptabilise la totalité du travail mobilisé (familial et salarié) en raison de la différence de productivité du travail, classiquement plus élevée dans les grandes exploitations.

Dans la situation française, cet écart a tendance a s’accroitre depuis 2007 en raison de la restructuration rapide des exploitations dans les zones de polyculture-élevage et des augmentations de quotas accordées dans le cadre de la sortie des quotas au niveau européen. Ces éléments ont engendré une croissance importante et rapide de la taille des plus grands ateliers laitiers qui ont cherché a saturer leurs outils de production, en particulier dans les zones de polyculture-élevage où des reconversions d’exploitation ont généré des disponibilités abondantes. Ce sont ces reconversions motivées par une rentabilité accrue des productions de céréales et d’oléagineux qui expliquent la place de la France dans le palmarès européen sur la période 2005-2010 (tableau 2) alors que le taux de restructuration est tombé en dessous de 2 % en fin de période aux Pays-Bas et en Irlande (exploitations plus petites, plus spécialisées en production laitière ou en élevage bovin ; fort regain d’intérêt pour la production laitière suite a la crise économique générale).

Tableau 2 - Évolution du nombre d’exploitations laitières (2005-2010)

Pays-Bas Irlande Allemagne France Danemark








% par an -31 - 34 -4,1 -54 - 6,9


Source : Institut de Elevage d’après Commission européenne (nombre de producteurs actifs quotas livraisons)

En conclusion de cette partie d’analyse des confits de production 4 la recherche des économies d’échelle ou des économies de gamme, on peut donc retenir : - que la situation semble évolutive sur les économies d’échelle a la faveur d’une accélération des croissances individuelles des exploitations laitières et de la saturation des installations, mais que la suite de ce mouvement reste incertain. Si la disponibilité des volumes reste désormais plus grande qu’au plus fort de la contrainte quota, cette situation peut perdurer avec des augmentations de capacités régulières, alors qu’elle peut disparaitre a nouveau si une nouvelle phase d’investissements importants s’avère nécessaire.

20 Notes ef études socio-économiques n° 37 - Janvier-Juin 2013