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AVANT L’ISLAMISME.

nous. Acceptez ce que je veux vous proposer. » Déjà les énergiques reproches d’Ofayrah avaient irrité les Djadicides. Aux provocations d’Aswad, et lorsqu’il leur dit : « À moi ! La fatalité, le malheur m’a frappé, » les hommes de la tribu répondirent : « Nous te sommes dévoués ; nous sommes tous à ta discrétion ; mais les Tasmidès sont plus violents, plus nombreux, plus puissants et mieux armés que nous. — Écoutez-moi. Je veux organiser une fête, un grand festin. J’y inviterai le roi avec toute sa suite, et ses Tasm. Ils viendront… et quand ils seront ici, à prendre leurs ébats, à s’admirer dans leurs amples parures, dans leurs longs vêtements, quand ils seront repus, saisissons subitement nos armes, et égorgeons, massacrons. — Égorgeons, s’écrient les Djadîs, égorgeons tout ! »

Aswad prépara un grand repas qu’il fit dresser en plaine, à distance des tentes, et il recommanda à chacun de ses hommes de se cacher d’avance un cimeterre sous le sable, à la place où chacun d’eux devait s’asseoir. « Je me lèverai, je frapperai le roi, dit Aswad ; et, à ce signal, que chacun de vous massacre ceux qu’il trouvera sous sa main ; immolez tous les chefs, tous les grands. Il nous faut un massacre général. »

Imlyk fut invité et avec lui toute sa suite et tout son entourage. Imlyk vint au rendez-vous, au milieu de ses courtisans ; et la foule de ce cortége s’avançait solennellement, en longues tuniques, amples parures. On s’accroupit par cercles autour des mets ; on commence à manger, on s’égaie. Tout à coup Aswad se lève, massacre le roi ; les Djadicides dégagent leurs sabres de dessous leurs jambes. Chaque conjuré frappe son convive le plus voisin ; il se fait un carnage affreux. Après le massacre des hauts personnages, on se précipite sur la foule, et tout succombe, tout est mis en pièces. Un seul homme se sauva ; il s’appelait Hyâh fils de