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AVANT L’ISLAMISME

Ofayrah (elle est surnommée encore chamoùs, la rétive) fut demandée en mariage. Les accords furent conclus. Mais au jour fixé, le soir, avant de la conduire à son fiancé, on la mena à la demeure d’Imlyk. Ofayrah, à partir de sa tente, était escortée, entourée de jeunes chanteuses dont les voix attristées, accompagnées des sons de lugubres instruments, chantaient ces vers :

« Pars, vierge de Djadîs, commence par Imlyk ; va, sacrifie ta fleur virginale ; va, dès le crépuscule du soir, a ce sacrifice inouï.
« Hélas ? tu trouveras ce que tu n’as pas désiré ! Ce roi, nulle vierge ne peut donc lui échapper ! »

Ofayrah fut introduite chez Imlyk et lui fut livrée. Fille vigoureuse, elle résista, elle lutta vainement. Puis elle sortit, agitée, en désordre, marchant à grands pas, souillée, bouleversée, désolée, l’œil indigné et furieux. Inondée de larmes, environnée d’une foule immense, elle allait devant elle, et d’une voix de désespoir et de colère elle criait ces vers :

« Non, il n’y a rien de plus avili que les Djadis. Quoi ! laisser souiller ainsi vos fiancées, vos épouses !
« Dites ! l’homme d’âme et de cœur qui a fait ses dons et ses présents à sa fiancée, qui lui a payé le douaire, peut-il consentir à tant d’ignominie !
« Oh ! la mort ! la mort ! plutôt que de laisser ainsi outrager celle qu’il a choisie pour épouse ! »

Ofayrah dans sa juste indignation, soufflait et allumait sans cesse la vengeance au cœur des Djadîcides, leur répétait ces vers que lui avait inspirés son malheur :

« Est-il possible que vous supportiez ce qu’on inflige à vos filles ! Et vous êtes hommes ! et nombreux comme les fourmis !

« Ofayrah, noble enfant de votre tribu, a reparu à vos