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AVANT L’ISLAMISME

femmes dans nos petites tentes de femmes, nous ne vous abandonnerions pas à tant d’opprobre. »

Ces deux vers sont d’Ofayrah fille d’Olâr, surnommée les Soleils et enfant de la tribu des Djadîs. L’air de cette sorte de cantilène est d’Aryb, et sur le rhythme au premier grave léger, sur la tonique de la moyenne corde du tétracorde.

OFAYRAH ET SON FRÈRE.


Imlyk gouvernait en roi — la tribu des Tasmides ou descendants de Tasm fils de Laûzân fils d’Azhar fils de Sâm (Sem) fils de Noûh (Noé), — et la tribu des Djadîcides ou descendants[1] de Djadîs fils d’Amir fils d’Azhar. Ces deux tribus, de souche si ancienne, étaient donc sœurs d’origine. Elles occupaient, dans l’Arabie, le Yamâmah elles étaient nombreuses et puissantes. — Imlyk s’abandonna à tous les excès de la tyrannie la plus despotique, la plus ignoble, la plus criminelle, la plus odieuse.

Une femme djadicide, nommée Hozeïlah, était mariée à un appelé Kirkis, ou, selon d’autres, Kâbis. Son mari la répudia, et il voulut garder avec lui le fils qu’il avait eu d’elle. Hozeïlah alla se plaindre à Imlyk, récriminer au nom de l’amour maternai. « Prince, dit-elle au roi, j’ai porté cet enfant neuf mois dans mon sein ; je n’ai eu que cet enfant, ce seul enfant ; je l’ai allaité deux périodes (deux ans) ; je n’en ai recueilli encore aucun avantage ; ét voilà, lorsque ses articulations deviennent déjà solides et fermes, lorsqu’est près le moment de l’éloigner de la mamelle maternelle, voilà que cet homme vient m’arracher brutalement mon enfant, me laisser les yeux s’abîmer dans les larmes. — Qu’as-tu à opposer à

  1. Les Djadis ont été connus de Ptolémée qui les nomme Iodicites ; en grec, IodicitaiVoy. Essai sur l’histoire des Arabes, etc., vol. I, pag. 29, par Caussin de Perceval.