Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
FEMMES ARABES

— La femme qui te déplaît par-dessus tout ?

— Ah ! c’est celle qui, priée de parler, se tait, et qui, priée de se taire, parle. »

VI

Ancien style arabe. — Appréciation d’actes moraux de la femme. — Le poète Find ; ses deux filles ; légende.


Voila, certes, de la sagesse pratique. Mais il ne faut pas, pour l’apprécier, oublier que l’auteur de ces maximes est une femme de la vieille Arabie, qui ne trouvait rien de plus beau dans le grand et sérieux désert, que « de vrais Arabes des sables, accompagnant une troupe de chameaux et défilant sur des hauteurs au loin dans l’horizon. »

Je dois déclarer, avouer que je ne puis réussir à donner à de traduction cette antique sagesse, la couleur et le cette sang qui animent et composent la physionomie de l’original. Le langage arabe de ces récits respire une dignité et une fermeté que je ne réussis pas à refléter comme je le voudrais ; il y a dans ce vieux style arabe d’avant l’Islamisme, une allure magistrale dont les derniers restes se représentent encore dans le Koran ; mais depuis, ce n’est plus-cela. Dans cette antiquité païenne de la langue arabe, je trouve un œil de grandeur, de sévérité austère et rude, d’attitude décidée et résolue, que je ne rencontre plus que dépoli, terne, dépaysé dans les écrits des temps islamiques. Dans cet ancien langage souffle l’air des solitudes imposantes, vastes, pure atmosphère impossible à faire passer dans des régions où parlent des hommes qui ne vivent pas sous la tente et sur les sables étincelants des feux du soleil, qui n’ont pas le ciel transparent du Hédjâz et de l’Yémen. L’Arabe est bien loin, par Dieu ! des langues de l’Europe ; c’est une nature à part,