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AVANT L’ISLAMISME

V

Éducation pratique. Les Quatre Sages de l’Arabie ancienne : Sobr, Amrati, Djoumah, Hind. — Zarkâ el-Yamâmah. Questions adressées à Hind.


L’appréciation pour ainsi dire philosophique des hommes, de leurs qualités morales, intellectuelles et physiques, l’étude d’observation qui détermine ou pèse les conditions de bienêtre des familles et aussi les conditions par lesquelles se peuvent garantir les intérêts communs d’une société, entrait dans l’éducation des femmes arabes, éducation uniquement pratique, uniquement transmise par les conversations entendues sous les tentes, autour des tentes, et développées ou reproduites par les chefs de familles. Car, qui tenait école dans le désert ? Qui discourait ex professo sur la psychologie et la philosophie sociale générale et particulière ? Quel Arabe, chez lui, et jusqu’à nos jours même, a su qu’il y a de par le monde quelque chose de sérieux qui puisse s’appeler philosophie, psychologie ? On observait, on raisonnait en petits comités, en simples entretiens : et chacun profitait, hommes et femmes, mères et filles. Les chefs des familles questionnaient leurs enfants, surtout leurs filles ; en exerçaient l’intelligence et le coup-d’œil ; ils les consultaient même et invoquaient par la les décisions ou les avis, les simples aperçus de cette sagacité si fine, si clairvoyante qui caractérise et illumine le regard et le jugement de la femme dans tous les climats.

Quatre femmes en Arabie ont donné un groupe imposant dans la vieille histoire antéislamique, quatre femmes que surtout ont couronnées d’un limbe de souvenirs et de louanges les traditions qui les ont livrées à la postérité musulmane, sous le titre des Quatre Sages de l’Arabie. Mais cette postérité, si dédaigneuse aujourd’hui et depuis plus de quatre siècles,