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AVANT L’ISLAMISME

La quatrième : Mon mari, dit-elle, le voici : bon comme une bonne nuit des nuits du Tihâmah, sans froid et sans chaleur, sans éloignement pour personne ; ne s’ennuyant de nul et de rien ; généreux comme la généreuse pluie des nuées. »

La cinquième dit : « Mon mari, s’il rentre, c’est un loup content et satisfait (tranquille et doux) ; s’il sort, c’est un lion magnifique et vigoureux. Il ne s’informe jamais de ce que devient ce qu’il a chez lui ; il ne renvoie jamais le jour au lendemain. »

La sixième femme reprit : « Pour moi, voici mon charmant mari ; s’il mange, il lèche jusqu’au fond des plats ; s’il boit, il suce jusqu’à la dernière goutte ; s’il s’assied et s’accroupit, il se ramasse et se blottit comme un paquet sur lui-même ; qu’il tue un animal pour nous, il tue toujours le plus sec, le plus décharné. Jamais il ne glisserait sa main sur moi pour savoir seulement comment je me porte. »

La septième dame dépeignit ainsi son mari : « Mon cher époux, collection complète de vices ; masse pesante partout, la nuit, le jour ; extravagance et caprices incarnés ; réservoir de toutes les défectuosités trouvables dans l’univers ; il vous allonge un coup à la tête ; ou bien il vous pointe et déchire le ventre ; ou bien il vous plante toute blessure que ce puisse être ; ou bien tout à la fois, il vous frappe, vous darde et vous blesse. »

« Mon mari, fit ensuite la huitième parleuse, a la peau douce et moelleuse : c’est une soie chatouilleuse de lapin ; le parfum de son haleine est l’arôme suave du zarnab. J’en fais de lui à ma guise ; et cependant tout le monde le craint, l’honore et le respecte. »

« À moi, dit un autre de ces dames. Mon mari ! la colonne de son nom est haute et glorieuse. Il a le bouclier long (il est de stature élevée). Généreux, la cendre de son foyer est toujours abondante ; hospitalier, il a fixé sa demeure tout