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FEMMES ARABES

Ahou-Moûça. « Pendant notre séjour dans cette ville, dit Abou-Moûça, la pluie tomba avec abondance et forma autour de Palmyre une sorte de torrent qui déplaça une immense quantité de terres. Ces bouleversements et déplacements de terrains mirent à découvert un cercueil de soixante coudées de long. Il était en pierre jaune comme du safran. On y lisait cette inscription : « Ici repose la vertueuse Bilkîs, épouse de Salomon fils de David. Elle embrassa la vraie foi la dernière nuit de la vingtième année du règne de ce prophète ; il avait épousé Bilkis le dixième jour du mois de moharrem (premier mois de l’année musulmane). Elle expira le deux du mois de rabî (troisième mois de l’année), vingt-sept ans après que Salomon fut monté sur le trône. Elle fut inhumée, de nuit, sous les murs de Tadmour. Nul ne sait l’endroit de sa sépulture que ceux qui l’y ont déposée. » Nous levâmes le couvercle du cercueil, et nous vîmes un cadavre d’une apparence de fraîcheur telle qu’on eût dit qu’il était là seulement depuis quelques heures. Nous écrivîmes au kalife notre découverte. Il nous répondit qu’il fallait laisser ce cercueil à la place où nous l’avions trouvé ; il le fit enfermer sous un mausolée de pierres dures et de marbre. »

III

Les femmes arabes dans les choses de la vie domestique. — Nourritures ; repas. — Gros mangeurs ; Yézid fils de Hohaîrah ; Hilâl fils d’Açàd ; Soleyman le dévorant. — Vins.


Les femmes arabes avaient leur importance ordinaire dans la vie privée ; elles savaient traire les chamelles, apprécier les qualités et les formes du chameau ou de la chamelle de course, peindre en termes justes et pittoresques un beau coursier aux jarrets de gazelle, à l’étoile blanche au front, au pelage soyeux, aux pieds « ferrés de vent du Sud et de vent