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d’entre nous. Demande-moi tout ce que lu voudras de richesses. n’ai pas besoin de richesses. Mais si tu as une fille, — Je je te la demande pour femme. — J’ai une fille d’une rare beauté, je te la donne. Mais sache bien que si jamais, pour quelque motif que ce soit, tu lui adresses des pourquoi, au troisième elle te quittera, et tu ne la reverras plus. »

Le roi accepte la condition. Il épouse la fille de cet homme. Elle devient enceinte. Elle accouche d’une fille, et au moment même un feu s’élève près de la mère qui alors saisit son enfant, le jette à ce feu, et le feu disparaît avec l’enfant. « Pourquoi, dit le roi, as-tu. ? — Une fois, dit Rihânah ; il ne te reste plus que deux pourquoi à m’adresser. Tu sais nos conditions. » La reine Rihânah accoucha une seconde fois. Elle eut un fils. Au moment où il vint au monde, un chien parut tout à coup ; la mère lui mit l’enfant a la gueule, et le chien s’enfuit. Le roi tout hors de lui : « Pourquoi… ? — Et de deux, reprend la reine ; tu n’as plus qu’une fois. »

La guerre alors s’était élevée entre Zou-Chark et un antre roi appelé Zou-Aouân. Elle dura longtemps sans issue décisive ni pour l’un ni pour l’autre. Zou-Aouân eut recours à la ruse pour se défaire de son ennemi ; il proposa la paix. La paix fut acceptée. Peu après il invita Zou-Chark à un festin d’intimité. Zou-Chark y alla avec la reine. On servit. Mais voila qu’aussitôt Rihânah jette des excréments dans les mets. ZouChark, qui allait manger, reste la main suspendue : « Pourquoi, dit-il à la reine, as-tu jeté. ? — Voilà ton troisième pourquoi. Maintenant, je réponds à tes trois questions, et je te quitte pour toujours. Le feu et le chien, c’étaient deux nourrices, je leur ai confié mes enfants pour m’épargner les fatigues de l’allaitement. Quand ils seront assez grands, on te les rapportera. Aujourd’hui, j’ai jeté des excréments dans ces mets qu’on nous a servis, parce qu’ils sont empoisonnés. Je t’ai sauvé la vie. Adieu. »