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et serait craint et révéré des hommes jusque dans les régions éloignées de là à un mois de chemin comme lui en faisait dans les airs. « Et quelle sera sa religion ? demandait-on au fils de David. — La religion de la pente au bien et au vrai. — Et l’époque de son arrivée ? — Dans mille ans ; et il sera le plus parfait des messies, le sceau final des prophètes destinés au monde. »

Un matin, Salomon se remit en voyage, se dirigeant du côté de l’Yémen ; à midi, il était déjà au-dessus des plaines de Sanâ. En quelques heures, il avait franchi un trajet d’un mois pour les autres hommes. Salomon charmé de l’aspect riant de cette contrée, de la luxuriante verdure des campagnes, descendit pour prier et dîner. Dès qu’il fut arrivé à terre, les oiseaux se rangèrent en coupole ombrageante au-dessus de lui.

Salomon demande de l’eau. On cherche la huppe pour indiquer où l’on en trouverait. Car la huppe, de son œil pénétrant, voit l’eau, même sous terre, comme si cette eau était dans un verre… Mais la huppe était absente. Pendant le trajet de la Mekke à Sanâ, elle avait, du haut des airs, remarqué vers le fond de l’Yémen de magnifiques jardins. Elle était allée à la découverte. Ces jardins étaient ceux de Balkamah ou Bilkîs.

Yafoûr, c’était le nom de la huppe de Salomon, rencontra, dans les jardins, Anfir, la huppe de Bilkîs. « D’où viens-tu ? dit Anfir à Yafoûr, et où vas-tu ? — Je viens de Syrie, et je suis avec mon maître, Salomon. — Qu’est-ce que c’est que Salomon ? — C’est le roi des hommes, des ins, des djinn, des chaïtân, des oiseaux, des quadrupèdes et des vents. Et toi, d’où es-tu ? — Moi, je suis de ce pays-ci. — Et qui donc le gouverne ? — Une femme appelée Bilkîs, dont les états sont au moins égaux à ceux de ton maître ; elle est reine de l’Yémen ; elle a sous ses ordres douze mille chefs d’armée qui commandent chacun douze mille combattants… Veux-tu venir visiter un peu son empire ? — Non ; je crains que Salo-