Page:Perron - Femmes arabes avant et depuis l'islamisme, 1858.pdf/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
FEMMES ARABES

incapables de défendre un camp, ou d’enlever une capture, ou de comprendre une pensée poétique, ou de s’émouvoir aux récits des mille traditions de la presqu’île entière. Elles étaient belles ces femmes arabes au teint bruni, à l’œil de perle et de jais. Elles vivaient à l’air pur des déserts ; elles voyageaient sur les chameaux de pâturages en pâturages ; elles se nourrissaient de simples aliments, des produits journaliers des troupeaux, des gibiers de gazelles et d’antilopes aux grands yeux noirs comme les yeux des filles de Joctân et de Saba. Saba, nom que les vieux âges ont livré à l’admiration du monde, avec le nom d’une reine.

II

La Reine de Saba.

Parmi les plus anciennes figures de l’antique Arabie, vers l’extrême fond de cette vaporeuse galerie des tableaux légendaires de l’Yémen, une étonnante physionomie apparaît, environnée de merveilles, colorées de couleurs fantastiques ; c’est la reine brillante de la contrée dite la Sabaïe, c’est la reine dite la reine de Saba. Mettons en tête de nos légendes, la légende arabe de cette femme qui avait refusé sa main à tant de rois. La belle femme reine s’unit au plus beau des hommes rois ; Makéda accepta Salomon. Magna magnis.

Aux yeux des Arabes, il n’y a pas de grands noms de grandes choses. Salomon fut grand en pensées, en puissance, en richesses, en magnificence, en femmes. Aussi, les Arabes en ont fait un prophète.

La célèbre reine de Saba n’a, pour histoire, dans les récits bibliques, que quelques lignes au chapitre x du troisième livre des Rois. Elle va rendre visite au fils de David, au chantre poète du cantique des cantiques, au fondateur de Tadmor on