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PREMIÈRE PARTIE.

FEMMES ARABES AVANT L’ISLAMISME.


I

La poésie des Arabes. — Chaque poésie commençait par parler de la dame du poète. — Réunion de poètes chez Aïchah fille de Talhah. — Goût des femmes arabes pour la poésie, pour la parure.


Beaucoup ont écrit déjà sur les femmes arabes, parce qu’on aime beaucoup à s’occuper de harem, c’est-à-dire de fruit défendu, ou de fruit difficile à prendre. Mais qui a parlé des femmes d’avant l’Islamisme ? Qui en a parlé avec quelques détails, avec un peu de couleur, et surtout au point de vue de l’intelligence, de l’esprit et du cœur ? Dites-moi, poètes, qui vous a parlé de femmes arabes poètes de ces âges anciens ? Qui vous a raconté quelque chose des amours et des existences des femmes dans les tentes, où aussi l’on faisait harem ? Vous êtes friands, vous affolez de tout ce qui a un arôme de poésie, poésie des vers et poésie des actes ; je suis sur d’avance que votre œil remarquera avec quelque plaisir l’allure mâle de la poésie des femmes en la vieille Arabie.

Comme on était poète dans cette presqu’ile-là ! Oh ! elle était vivace, là-bas, cette passion de rythmer en harmonieuses paroles, en lignes mesurées, en formes solennelles et cadencées, les émotions de la fierté, les gloires du courage, les joies de l’ivresse, les louanges de la beauté, les coquetteries, les désirs, les craintes, les bonheurs de l’amour, les soupçons et les colères de toutes les jalousies et de toutes les rivalités, les orgueils si multiples de la nature humaine.