Page:Perrin - Notice sur les travaux scientifiques de Jean Perrin, 1923.djvu/69

Cette page n’a pas encore été corrigée

glycérine devenue vitreuse par accroissement énorme de sa viscosité.

J’ai comparé de même, sans trouver de différence, les fluorescences du rose de Magdala à 1a température ordinaire et dans l'air liquide.

La concentration optimum.

– Nous allons voir qu’une théorie chimique rend compte des observations qui précèdent. Mais je l'exposerai plus facilement après avoir résumé d'autres observations qui se rapportent à une autre propriété des corps fluorescents, découverte par Stokes, qui en effet a montré le premier que la fluorescence des corps organiques passe par un maximum quand la concentration grandit[1].

Un énoncé plus précis doit être donné, et peut-être ne l'a pas été. On peut dire que la lumière de fluorescence émise par la solution qui emplit une cuve d'épaisseur donnée, et sur laquelle tombe normalement un faisceau excitateur de nature et d'intensité données, grandit d'abord quand la concentration grandit, passe par un maximum pour une concentration optimum, puis décroît et tend vers zéro quand la concentration continue à croître. Cette concentration optimum dépend de l'épaisseur de la couche liquide étudiée. Pour toute épaisseur, elle reste inférieure à 20 pour 100 dans les cas que j'ai étudiés (uranine, esculine) c'est-à-dire inférieure à une concentration moléculaire demi-normale.

Au lieu de considérer la fluorescence globale, considérons la fluorescence par unité de masse. Il n'a pas été signalé que, pour une intensité excitatrice donnée, la fluorescence par unité de masse[2] décroît lorsque la concentration grandit.

Car, sans cela, le phénomène de l'optimum n'aurait pas lieu. Pour le comprendre, imaginons dans un corps de pompe à fond transparent, de la matière fluorescente très diluée, recevant la lumière suivant l'axe du corps de pompe au travers du fond ; cette lumière est progressivement absorbée, et j'admets que le corps de pompe est assez long, à la dilution initiale, pour qu'il n'arrive pratiquement pas de lumière sur le piston qui limite vers l'arrière la matière fluorescente. Supposons le solvant transparent.

La matière fluorescente peut être décomposée par la pensée en un grand nombre de feuillets parallèles. Comprimons cette matière en poussant le pi

  1. Phénomène qui se retrouve, comme on sait (Lecoq de Boisfondran ; G. Urbain), pour les phosphorescences atomiques, excitées, par exemple, sous l’action des rayons cathodiques.
  2. Le microgramme serait une unité commode.