Page:Perrin - Notice sur les travaux scientifiques de Jean Perrin, 1923.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée

La valeur qui s'ensuit pour N est 69.1022. La concordance est encore excellente, malgré la différence des techniques.

*
*   *

En résumé, et malgré des variations très étendues dans les conditions expérimentales et les techniques suivies, l'étude des émulsions a donné les valeurs suivantes du nombre d'Avogadro :

68.1022 par la répartition des émulsions diluées,
62.1022 par celle des émulsions concentrées,
60.1022 par les fluctuations de concentration,
64.1022 par le mouvement brownien de translation,
65.1022 par le mouvement brownien de rotation,
69.1022 par la diffusion des granules,
soit comme moyenne brute
65.1022.

Toute cette étude se rattache à la notion d'agitation moléculaire. A la même notion se rattache, comme nous avons vu, l'explication de la viscosité des gaz.

C'est encore en considérant les fluides comme formés de molécules irrégulièrement distribuées qu'on peut calculer le nombre d'Avogadro par observation de l'opalescence critique, du bleu du ciel, et de la lumière diffusée latéralement par les gaz. Je me borne ici à dire que ces observations, récentes, ont conduit encore[1] à la valeur 65.1022.

On sait que la théorie du rayonnement noir, où les raisonnements sont étroitement apparentés avec ceux de la théorie cinétique, a donné encore la même valeur. Les charges électriques de poussières microscopiques (multiples entiers de la charge élémentaire des ions) ont conduit au même résultat. Enfin, la radioactivité, qui a permis notamment de compter un à un les atomes qui forment une masse donnée d'hélium a donné dans un ordre d'idées tout différent des preuves directes de la structure atomique de la matière et impose encore la même valeur au nombre d'Avogadro.

Un tel ensemble de convergences crée une certitude au moins égale à celle que nous attribuons aux principes de la Thermodynamique.

La réalité objective des

  1. Cabanes, Annales de physique, 1921.