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DE JULIE


se rajuster et à redoubler ses caresses ; mais je n’y pus tenir : je m’arrachai d’entre ses bras, la rage me tira les larmes des yeux, je me devins affreuse à moi-même, et détestant jusqu’au sopha qui avait recueilli cet odieux mystère, je passai vers mon lit, où j’eus tout lieu de réfléchir sur les différents mouvements qui nous agitent dans une même opération. Je ne pouvais concevoir que l’excès du plaisir avec l’un devînt le comble du dégoût avec l’autre : j’avais bien ouï parler de quelque punition pour la débauche effrénée ; mais je ne pouvais m’en figurer de plus pénible que les approches d’un M. Poupard. Heureusement encore pour moi que mon amant avait remédié aux premières difficultés, dont celui-ci n’aurait jamais pu endormir la douleur par le plaisir.

Notre commerce fut établi, et il me fallut par la suite vaincre ma répugnance : comme il ne s’était aperçu de rien, il se crut le premier heureux, ce dont je n’eus garde de le désabuser. Cette circonstance, j’ose le dire, lui fit joindre l’estime à l’amour. Il me jurait tous les jours sa tendresse avec autant de sincérité que j’apportais de précaution à lui cacher mon antipathie. Mes tantes me mettaient au fait de la solide galanterie, et l’aventure de M. Poupard, qui était ma première, prenait l’admirable tour de celles par