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DE JULIE

Minuit ayant sonné, on prétexta la régularité de la maison, pour l’engager à se retirer : ce goût d’ordre lui en imposa au point de nous obéir sur-le-champ ; il nous sacrifia son plaisir. J’eus la complaisance de l’éclairer jusqu’en bas ; et comme je lui disais adieu, il me ferma la bouche si subtilement, qu’il me fut impossible de m’en défendre.

Je ne fus pas plutôt remontée que je trouvai la Daigremont et la Château-Neuf occupées à évaluer les bijoux. Elles n’eurent pas de peine à exagérer les libéralités, et me répétèrent encore de quelle conséquence il était pour moi de ménager un homme aussi passionné. Je me retirai promptement dans ma chambre, et avant de m’endormir je m’occupai de l’arrangement de ma parure.

Le profit considérable que je commençais de faire à la maison m’ouvrit les yeux sur les complaisances qu’on devait avoir pour moi. Et dans le feu de cette première pensée j’aurais volontiers proposé à ma tante de capituler sur l’article de mes plaisirs ; mais mon intelligence me procura d’autres moyens de me satisfaire. Je fis réflexion que, du train dont M. Poupard menait les choses, il ne serait pas homme à languir, et que tôt ou tard il me faudrait mettre à la raison ; ainsi je pris mon parti. L’état dans lequel je