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DE JULIE

M. Poupard, car c’était le nom du héros de la fête, était porteur d’une physionomie qui, si l’on veut, ressemblait assez à un visage ; mais l’arrangement de ses traits, qui à toute rigueur désignait figure humaine, semblait s’être chargé du soin d’annoncer le regret et la répugnance de la nature dans son ouvrage.

Qu’on s’imagine deux petits yeux écarlates, modestement ménagés sous un front pointu, au bas duquel une demi-douzaine de poils aurore en forme de sourcils marquaient la place où il aurait dû y en avoir ; plus bas un très petit nez médiateur de deux grosses joues bouffies, qui par leur jonction ne paraissaient jamais avoir été faites pour un visage, facilitait une ample liberté de cerveau, sous laquelle deux lèvres copieuses et triplement bordées formaient en voûte une bouche négligemment fendue jusqu’aux oreilles : il est vrai qu’on n’avait rien à craindre de la garniture. Le tout se terminait par un menton parfait dans son carré, enluminé d’un nombre infini de bourgeons qui répondaient merveilleusement au reste. Cette tête, qui, comme on peut bien juger, n’était pas absolument avantageuse, se trouvait placée sur un bloc dégrossi, qui n’était pas moins grotesque. Un habit riche à la vérité, mais peint sur son moule, recevait au moindre mouvement les nuances d’une per-