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LES ÉGAREMENTS


cendre de son siège et nous ouvrir la portière d’un carrosse, où mes deux bonnes montèrent sans façon, après m’y avoir fait entrer. C’était dans les grandes chaleurs, et la Château-Neuf prétextant le haut du jour qui, nous aurait fort incommodées, nous fit approuver son idée. Je ne pouvais au juste distinguer qu’elle était notre voiture, qui, sans avoir rien de magnifique, était des mieux étoffées : je demandai ingénument si c’était un carrosse de remise ; à quoi l’on ne me répondit que par un sourire dont je me méfiai, sans cependant rien pénétrer de l’aventure. Nous arrivâmes insensiblement au bois de Boulogne, où nous descendîmes pour le plaisir de la promenade. Une heure après nous être occupées à y considérer ce qui méritait le plus d’attention, nous entendîmes quelque bruit vers la porte Mayot, de laquelle nous ne nous étions pas fort éloignées : la Château-Neuf se doutant de ce que ce pouvait être, nous engagea à nous en rapprocher. Le premier objet qui me frappa la vue fut un original qu’il ne me fallut que voir pour le haïr : ses manières ridicules et sa mine équivoque pouvaient assurément justifier de reste mon antipathie, et je ne puis sans un vol manifeste m’empêcher de donner quelque idée d’une tournure aussi comique.