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DE JULIE


porta presque aux derniers expédients ; vingt fois je fus sur le point de quitter la maison : je changeai totalement, on s’en aperçut, et l’on me soupçonna bientôt quelque passion dont on ne pouvait vraisemblablement découvrir l’objet. La Château-Neuf et la Daigremont se consultèrent apparemment sur le tort que m’allait immanquablement faire les premières impressions de l’amour, auquel leur prudence exigeait qu’elles s’opposassent : la juste crainte qu’elles eurent de voir ma santé altérée, jointe à l’appréhension de me voir disposer de moi-même, les détermina à accélérer leur projet ; et victime de leur cupidité, il me fallut entrer, malgré moi, dans des vues qu’elles ne tardèrent pas à me découvrir.

Quelque temps après leurs judicieuses réflexions on m’offrit, contre l’ordinaire, de me mener promener au bois de Boulogne, situé à une demi-lieue de Paris. J’acceptai fort indifféremment pour lors une partie qui dans tout autre temps m’eût fort réjouie : uniquement occupée de mon amour, les objets les plus riants et les plus gracieux semblaient s’attrister avec moi de l’absence de mon amant. Nous sortîmes donc à quatre heures après midi de notre maison : après avoir fait quatre pas, je ne fus jamais plus surprise que de voir un cocher sans livrée des-