visage du sien, nous les trouvions toujours
collés l’un sur l’autre : plus la compagnie me
paraissait assoupie, plus je me sentais éveillée.
Mes jupes, de concert avec les cahots, me
mirent bientôt mal à mon aise sur des boutons
d’habit, que l’officieux Lieutenant avait la bonté
de ranger le plus souvent qu’il pouvait ; mais le
froissement continuel du drap ne put me laisser
longtemps dans cette situation : s’il n’eût eu
l’attention de m’aider il m’aurait nécessairement
fallu céder la partie. Je me trouvai fort satisfaite
que sa complaisance lui fût aussi utile
qu’à moi-même ; car s’il me prêtait ses genoux
pour m’asseoir, j’avais soin en revanche de lui tenir
les mains aussi chaudes qu’on les peut souhaiter
en hiver. La nuit nous ayant tout à fait
gagnés, nous ne fûmes plus embarrassés : je
ne sais pas positivement comme il s’y prit ;
mais les draperies adroitement rangées me
mirent tout à fait à mon aise, et, par je ne sais
quelle précaution, je me trouvai hors d’état de
glisser comme auparavant. Ce qu’il y a de plus
plaisant à se figurer, c’est que tout ceci se passait
à la muette ; il semblait que je dormais à
proportion qu’il rêvait. Si mes mains en rencontraient
où il ne devait vraisemblablement pas y
en avoir, mon prétendu sommeil me dispensait
de la surprise, et m’autorisait à mon gré sur les
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LES ÉGAREMENTS