passâmes cinq années entières, pendant lesquelles
nous ne négligeâmes rien de ce qui pouvait
cacher notre intelligence. Nous sentîmes même
sur la fin tout le poids de cette gêne, de laquelle
nous nous vîmes le plus heureusement du
monde affranchis.
M. Poupard devint volage, comme tous les amants heureux : il se rendit amoureux d’une jeune personne qui avait sollicité un début aux Français pour s’annoncer dans le monde. J’en fus bientôt informée, et je profitai de cette occasion pour rompre une intrigue qui ne pouvait pas toujours durer. Je me voyais près de cent mille livres de fonds ; c’était plus qu’il ne m’en fallait : je pensai qu’en les plaçant en rente viagère je ne serais plus obligée de m’exposer aux fantaisies des hommes. Je communiquai mon projet à M. Gerbo, qui l’approuva. Nous nous plaisions plus que jamais ; il n’était pas douteux qu’il n’acceptât avec plaisir la proposition que je lui fis de vivre ensemble.
Je plaçai une partie de mon argent sur sa tête, pour qu’il fût à l’abri des accidents ; je retranchai quelque chose de mon train, et me regardai pour lors, avec mon ami, comme dans un port de tranquillité, duquel mes passions ne risqueraient plus de m’arracher. Trois mois après notre arrangement, M. Poupard voulut me rendre ses bonnes grâces : je le reçus avec