rable et un discernement réfléchi, qui est un bien
flatteur pour celui qui l’inspire. Un penchant
fondé sur les qualités du cœur et de l’esprit, est
aussi durable et fixe, qu’est passager celui que
quelques agréments ont fait naître. M. Gerbo,
pénétré du retour que je lui témoignais, ne me
répondit que par ces aimables transports qui
ont toujours de si heureuses suites ; il se jeta à
mes genoux, je me gardai bien de l’y souffrir :
l’excès de son bonheur lui rendit un air gracieux,
que je ne lui avais point encore trouvé. Dégagés
de ces usages tyranniques qui exigent des
longueurs et des cérémonies auxquelles on ne se
soumet que pour célébrer les apparences, nous
nous embrassâmes, nous nous promîmes un
attachement inviolable. Jaloux de nous surpasser
en délicatesse, nous n’oubliâmes rien de ce
qui pouvait la caractériser : en cherchant le sentiment,
nous rencontrâmes enfin la volupté.
Notre commerce, au moyen des sages précautions que nous prîmes, se trouva enseveli dans le silence ; le maintien réservé qu’il observa toujours avec moi, ne laissa jamais rien transpirer. Certain air sérieux et austère n’annonçait chez lui que le goût des sciences et de l’étude. M. Poupard s’accoutuma à le voir régulièrement chez moi, comme un de ces animaux domestiques dont on se fait habitude. Autant valait-il, selon lui, qu’il m’amusât qu’un sapajou. Nous