trente pas un fiacre qui l’attendait. J’indiquai
ma demeure, et il nous rendit dans la rue Mazarine :
je m’aperçus bien en chemin de l’impatience
dans laquelle était M. Poupard de renouveler
l’ancienne connaissance ; mais je fus
inflexible, et l’amenai par des refus ménagés
au point de m’avouer qu’il était plus amoureux
de moi qu’il n’avait encore été. Il n’était plus
question de composer avec lui, sa générosité
n’avait point de borne : mais il était essentiel
de lui montrer de la délicatesse, et d’irriter ses
désirs. Nous arrivâmes chez moi, où je fus charmée
d’entendre la Remy me demander, avec
onction, des nouvelles de la chère madame
Mont-Louis. Je la fis un peu jaser ; elle vanta
tous les soins charitables de cette honnête dame :
outre le plaisir que nous avions à voir sa bonne
foi et son ingénuité, je n’étais pas fâchée que
M. Poupard se confirmât dans tout ce que je
lui en avais raconté. Vous mériteriez, me dit-elle,
après nous avoir bien vu rire de ses éloges,
que je ne vous donnasse pas une lettre que
j’ai retirée cette après-midi de l’hôtel Carignan,
où elle était depuis un mois. Je l’ouvris avec
assez d’indifférence : mais quelle fut ma joie,
quand j’en eus lu le contenu ! Elle était de
M. Morand, auquel j’avais en arrivant à Paris
envoyé mon adresse pour m’instruire de la fin
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DE JULIE