sages conseils que je vous ai entendue me donner ?
Ma chère, me répondit-elle, je vous répéterai
ici, comme chez vous, les discours prudents que
je vous ai tenus : l’état dans lequel je vous ai
vue, m’a engagée à vous inspirer une ferme
résolution d’en sortir promptement, et il ne tient
qu’à vous ; la fâcheuse épreuve de la misère doit
bien faire revenir d’une sotte délicatesse qui ne
mène à rien. Je ne vous ai point trompée quand
je vous ai promis de remédier à vos malheurs,
et de réunir vos intérêts aux miens : vous n’avez
point de connaissances, et perdriez beaucoup à
vous annoncer vous-même. L’habitude de
quelques intrigues d’ailleurs doit vous faire
vaincre cette répugnance que vous témoignez.
Certaines gens à préjugés se forment de nos
maisons une idée toute différente de celle qu’ils
en devraient avoir ; tout y respire le plaisir : que
nous importe la censure ? Rarement nous
trouvons-nous avec ces atrabilaires qui dénigrent
et traitent de honteux un commerce duquel
est banni toute inquiétude, et dont la volupté
fait la base. Eh ! qui ne s’en mêle au reste ?
Je trouverais excellent, ajouta-t-elle, qu’on
élevât des trophées à cette vertu si vantée ; mais
je voudrais qu’ils fussent solides. On se déchaîne
contre le vice, mais on s’en rapproche ; on
exalte la vertu, mais on l’abandonne. Attendez
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LES ÉGAREMENTS