ques connaissances, je jouai, je dansai, je courus
les plaisirs, et effectivement le peu de temps
que j’accordai à mes réflexions me remit tout à
fait : mais ce ne fut qu’un calme passager, que
je payai bien cher après. Les deux excès du trop
et du manque de réflexion sont quelquefois
aussi dangereux l’un que l’autre. Je m’aperçus
comme par surprise, trois mois après m’être bien
amusée, que je n’avais plus d’argent : je commençais
à me faire aux événements, cela ne
m’affligea pas autrement. Je n’y songeai qu’autant
de temps qu’il en fallut pour trouver les
moyens de faire face à trois semaines de carnaval,
qu’il était question d’achever honorablement.
Je me défis de quelques effets, et allai mon train
comme à l’ordinaire : bien loin de tirer parti
des compagnies dans lesquelles j’aurais pu
trouver l’occasion de quelque intrigue avantageuse,
je me bornai à m’entendre dire que
j’étais adorable, et n’écoutant que mon penchant
pour les jeunes gens aimables, je négligeai
toutes les ressources qui pouvaient me rapprocher
de mon premier dessein. Je ne m’étais
jamais trouvée au bal de l’Opéra, que je ne me
fusse aperçue qu’on me remarquât ; mais je manquais
toujours ce qu’on appelle le coup de
maître.
Pour déterminer le goût il faut que le je ne sais