avais moins jusqu’alors été exercée ! Quelle
affreuse réduction pour une jeune personne qui
avait toujours joui des avantages attachés à la
vie d’une jolie femme ! Un malheur ne va jamais
sans un autre ; deux jours après avoir été
arrêtée, M. Morand se rendit promptement à
Aix pour me donner avis de quelques bruits
sourds qui avaient transpiré sur le compte du
banquier chez lequel j’avais placé mon argent :
il apprit mon aventure avec autant de surprise
que de chagrin, et retourna à Marseille sans
pouvoir me parler. Il était encore temps de
profiter de son avis, si je l’eusse pu recevoir,
car la faillite n’arriva que cinq jours après ;
j’aurais pu prendre des précautions pour sauver
mes deniers de cette malheureuse banqueroute,
que j’appris au fort de mes chagrins, et qui,
comme on peut bien le croire, ne contribua pas
à les adoucir. Il y avait près de trois mois que
j’étais en prison, où je menais une vie languissante,
quoique beaucoup moins gênée que dans
le commencement, lorsqu’on m’assura qu’un
des deux coquins en question avait été arrêté
pour vol à Lambesc ; cette nouvelle me donna
un rayon d’espérance ; je commençai à me flatter
de me voir entièrement justifiée : néanmoins
les longueurs qu’il fallait essuyer encore me
firent faire une tentative que j’aurais hasardée
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LES ÉGAREMENTS