Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
LES ÉGAREMENTS


quai exactement dans ma lettre sa demeure, et donnai tous les renseignements propres à le bien désigner au premier ordre qu’il y aurait de l’arrêter : ce qui ne fut différé qu’autant de temps qu’il en fallut pour le retour du courrier ; car le père ayant fait ses diligences, les ordres furent envoyés au Commandant, qui le fit arrêter aussitôt et conduire au château, dit Petit-Fort, situé en mer, à une lieue de Marseille.

Rien ne pouvait arriver de plus à propos pour favoriser mon dessein et empêcher tout éclaircissement, que les circonstances dans lesquelles nous nous trouvions les deux frères et moi. Pour me dispenser de retourner chez la Beauval, où j’aurais pu me retrouver vis-à-vis d’Andricourt, je prétextai quelque indisposition ; Andricourt de son côté évita soigneusement son frère, auquel il avait d’abord été obligé de donner quelques excuses pour se disculper de venir au logis. Vépry à son tour ayant remarqué, à ma froideur pour Andricourt, que je ne me souciais pas de le voir, ne le pressa plus de venir, et cessant ses instances lui fit penser que j’avais laissé transpirer quelque chose ; de sorte qu’il détermina la Beauval à retourner à Aix. Celle-ci ne m’eut pas plus tôt appris le dessein où elle était de quitter Marseille, que je compris la politique de son prétendu, qui ne cherchait qu’à nous éloigner les uns des autres.