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LES ÉGAREMENTS


procès à quelques-uns : d’autres prirent la fuite. Jamais milord Dempton ne m’entretint de rien qui fût relatif à ces événements ; jamais même il ne satisfit mes questions sur cet esprit de parti qui fomentait des divisions : soit qu’il se méfiât de ma discrétion, soit qu’il craignît de m’envelopper dans quelque malheur, il observa devant moi un silence exact sur cette matière ; s’enfermant des quatre heures entières avec différents particuliers, que je remarquai souvent prendre leurs précautions pour n’être point reconnus dans la maison. Il disparut enfin un jour, sans que depuis j’en aie entendu parler. Je restai six mois à Londres, où je fis toutes les perquisitions imaginables ; je ne pus rien apprendre de lui : j’ouvris mon porte-feuille, qu’il m’avait demandé huit jours auparavant, et qu’il m’avait rendu cacheté ; j’y trouvai de quoi me faire un sort passable. Je revins en France, où j’appris la mort de mon père et de ma mère : je retournai chez moi pour mettre ordre aux affaires. Voyant que les choses traîneraient, je laissai ma procuration à quelqu’un de confiance, qui me fait toucher quelques revenus, qui, joints à ceux que je me suis faits des présents du pauvre milord, me font passer une vie gracieuse. Quelques autres circonstances peu intéressantes m’ont conduite en Provence, où la beauté du