et il fallut absolument, pour lui rappeler ses
idées, que je lui désignasse quelques particularités
qui ne pouvaient être sues que d’elle et de
moi. Ce n’était plus cette petite jolie enfant, et
mesquine comme elle l’avait autrefois vue ;
enfin elle me reconnut, et saisie d’étonnement
et de joie, elle avoua notre ancienne connaissance
par des transports de la plus étroite
amitié. Aux caresses réciproques que nous nous
fîmes madame Renaudé se félicita de nous
avoir rendues l’une à l’autre, et nous lui en
témoignâmes aussi notre reconnaissance.
Nous remîmes au lendemain à nous éclaircir des aventures qui nous étaient arrivées depuis notre séparation, les jugeant, chacune de notre côté, de nature à n’être pas rendues publiques. Après nous être livrées aux premiers mouvements, nous nous joignîmes à la compagnie, et ne nous quittâmes le soir qu’avec toute l’impatience qu’on a de se revoir quand on a beaucoup de choses à s’apprendre.
Je ne manquai pas de me rendre le lendemain chez elle, comme nous en étions convenues ; nous nous fîmes encore de nouvelles amitiés : nous prîmes le chocolat, après quoi j’obtins qu’elle satisfît la première ma curiosité, par l’histoire suivante qu’elle me fit en peu de mots.