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LES ÉGAREMENTS


ce qui lui donnait souvent le droit de faire valoir les choses les plus simples. Nous nous convînmes réciproquement, du moins eûmes-nous tout lieu de le croire pendant le temps que nous nous fréquentâmes. L’intérêt qu’il prit à ce qui me regardait le fit entrer librement dans le détail de mes affaires : après quelques mois de connaissance il découvrit que j’étais assez passablement en argent, et, par pur motif d’amitié, il me conseilla de le placer. Ne voulant point au reste se charger lui-même d’une affaire dans laquelle son conseil aurait pu le rendre suspect en cas d’événement, il m’adressa à quelqu’un dont le crédit et la probité étaient pour lors établis : il se chargea de prendre lui-même toutes les précautions qu’exige la prudence en pareil cas. Je remis trente mille livres, pour lesquelles on me donna toutes les sûretés nécessaires.

Il y avait déjà près de six mois que nous étions à Marseille, où nous passions assez bien notre temps, lorsque madame Renaudé me proposa de faire connaissance avec une certaine mademoiselle Beauval, établie depuis quelques années à Aix, originaire de la province de……… et qui séjournait trois mois de l’année à Marseille. Quelque petit refroidissement avait interrompu leur commerce ; mais comme