arrangements me dissipèrent : je mis ordre à
quelques affaires, et nous partîmes tranquilles
et dégagés de toutes inquiétudes. Nous passâmes
par Toulouse, où nous séjournâmes pour
voir l’Opéra. Je me gardai bien de décliner à
Vépry le motif qui m’y amenait. Je vis Derval,
et quoique occupée de ma nouvelle passion, je
sentis bien qu’il renouvelait encore en moi des
désirs auxquels j’eus cependant la force de ne
point succomber. Oui, je dis la force, car enfin
il ne tenait qu’à moi de les satisfaire : rien
n’était plus facile que de prétexter quelque
affaire en ville, et de me faire conduire chez
Derval ; et je puis dire que c’est la seule fois
de ma vie que j’aie résisté à la tentation. Peut-être
la crainte d’y rencontrer Rose ne contribua-t-elle
pas peu à me faire prendre le dessus.
Nous partîmes de Toulouse pour nous rendre à
Montpellier, où nous restâmes huit jours entiers,
pendant lesquels Vépry se fit habiller
pour arriver à Marseille, où nous nous rendîmes
le dix-septième jour de notre départ de
Bordeaux. Nous ne tardâmes pas à faire des
connaissances ; on trouve en Provence, comme
partout, des gens affables et officieux, lorsqu’on
paraît soi-même en état d’obliger.
Madame Guillaume, honnête bourgeoise de Marseille, chez laquelle nous louâmes un ap-