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LES ÉGAREMENTS


inquiétait, et nous aurait jetés dans l’embarras, sans le grand événement qui fit en peu de temps changer de face à nos affaires : c’était le progrès considérable qui se faisait remarquer à la taille de Cécile, et qu’on ne pouvait cacher.

Monsieur Démery revint enfin au bout d’un mois, comme il me l’avait promis, plus tendre et plus complaisant que jamais. Pouvais-je me douter, hélas ! que je fusse sur le point de le perdre pour toujours ! Il m’avoua à son retour qu’il me retrouvait encore mieux qu’il ne m’avait laissée. On ne saurait croire combien le plaisir nous embellit, quand notre tempérament nous y décide ; toute ma petite personne respirait un air de sérénité et de satisfaction que je communiquais à tout ce qui m’approchait : bonne avec mes domestiques, tendre avec M. Démery, affable avec ses amis, sociable avec les femmes, liante avec les caractères les plus opposés : j’étais un vrai trésor pour la société. Il n’y avait pas enfin jusqu’à mon miroir et ma coiffure avec lesquels je ne fusse d’accord. Les nuits, Vépry avait grand soin de me venger de la maladresse de Cécile. Temps heureux, qu’êtes-vous devenus ! tout passe, et c’est souvent au sein du calme et de la tranquillité que l’on a plus à redouter le trouble et l’orage.

Un jour, que j’attendais dans mon lit l’heure