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LES ÉGAREMENTS


savoir à quel événement j’étais redevable du bonheur de l’avoir rencontré dans ce bois sous son déguisement : sur quoi il ne tarda pas de satisfaire ma curiosité ainsi qu’il suit.

Je suis le cinquième enfant d’un bourgeois de Blaye, nommé Vépry, auquel les frasques de l’aîné de ses fils ont fait prendre les manières les plus dures pour ses autres garçons. Cet aîné, dont il était idolâtre, disparut il y a environ six ans avec une somme de deux mille livres que mon père destinait vraisemblablement à quelque chose de plus utile.

Il fit d’inutiles perquisitions, fit courir après son fils et son ravisseur tout ensemble ; mais n’ayant pu le joindre, il fut obligé d’abandonner sa poursuite : il se contenta de jeter sa mauvaise humeur sur nous, ne pouvant faire mieux ; et ayant été trop bon avec l’un, il se montra mal à propos rigide avec les autres. Quelques nouveaux tours de mon frère, qu’il apprit par la suite, le rendirent impraticable ; il craignit avec raison quelque chose de plus sérieux ; et actuellement même il cherche, à quelque prix que ce soit, à s’assurer de lui. Tu vois, ma chère amie, que de pareilles dispositions n’étaient pas propres à lui faire fermer les yeux sur les moindres écarts auxquels je me livrais. Il y avait déjà du temps que la maison m’était à charge, et que je mau-