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DE JULIE


rer, je l’en empêchai ; ses mesures devinrent inutiles et me laissèrent bientôt voir une fille des plus singulières qu’on ait jamais vues.

J’aurais bien de la peine à raconter exactement et par ordre tout ce qui se passa dans cet instant : ce fut une immobilité intéressante, qu’on ne peut peindre sans l’altérer ; beaucoup de pardons de sa part, d’avides regards de la mienne : je me souviens seulement qu’ayant cru entendre quelque bruit à la porte, je la fis promptement rentrer dans le lit. On craint le scandale ; un coup de langue est bientôt donné.

Qu’on déclame tant que l’on voudra contre ce qu’on appelle novices : ils ne savent pas, dit-on, profiter de l’occasion ; ils n’épargnent aux femmes aucune de ces avances si pénibles : ils ne savent jamais deviner le moment, il faut les mettre à même, encore n’osent-ils. J’en conviens ; mais qu’on retrouve bien d’un côté ce qu’on perd de l’autre ; car enfin si Cécile, que je nommerai dorénavant Vépry, eût avec moi brusqué la chose, je n’aurais point passé par cette voluptueuse gradation qui me parut si charmante. D’ailleurs on est à son aise avec un timide adolescent, on traite cavalièrement ; les articles ne roulent jamais que sur quelques leçons de discrétion : on n’est point obligé aux scènes qu’exige un quelqu’un d’usage. Moyen-