Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
DE JULIE


qu’avec toute la timidité d’un homme qui craint d’avoir déplu : il me réitéra ses instances pour m’engager à lui ouvrir mon cœur ; il devint enfin malheureux. Voilà cependant les effets de ma fidélité. Vertu chimérique, que tu coûtes cher à ceux qui te recherchent indistinctement ! tu n’es qu’un bien fugitif après lequel on court, et dont on prend le plus souvent l’ombre pour la réalité.

La situation de M. Démery me fit mieux que jamais sentir la nécessité de lui associer quelqu’un : je connus, par les efforts inutiles que je m’étais faits, qu’il n’y avait qu’une nouvelle intrigue qui pût me remettre dans mon assiette ordinaire ; je me fis une raison en sa faveur, et me déterminai à dissiper ses soupçons par ce qui semblait seul les devoir confirmer. Cette résolution me rendit un air de sérénité qui commença à rétablir le calme dans son esprit ; il se fit l’application de mon changement, auquel il m’encouragea de plus en plus par tout ce que son imagination lui put suggérer d’amusant. Comme je n’étais point absolument pressée sur le choix de celui que je voulais m’attacher, je ne m’occupai plus qu’à examiner exactement et sans prévention les différents caractères des jeunes gens qui faisaient partie de nos sociétés ; je ne pouvais prendre trop de précautions, Belle-