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LES ÉGAREMENTS


trât dans le détail de mes affaires, et satisfît la générosité à laquelle je ne pouvais plus m’opposer sans l’affliger sérieusement. Son attention ordinaire à prévenir tout ce qui pouvait m’amuser lui fit lier une partie de campagne, quelques jours après mon indisposition. La maison était à lui, et par conséquent ne laissait rien à désirer : il y rassembla bonne compagnie, et la gaieté générale, de concert avec les agréments de la saison, n’y offrait rien qui ne fût capable de charmer la plus noire mélancolie. Chacun pouvait s’y satisfaire, tout y respirait le plaisir ; chère délicieuse, excellents propos, bon goût, objets riants au dedans, heureuse situation au dehors ; pleine liberté de s’y répandre sans être vus ; facilité de s’y expliquer sans gêne : ce fut celle dont je me servis pour confirmer de vive voix et intelligiblement à M. Démery ce dont il était déjà bien certain. Le second jour de cette partie fut celui qu’il choisit pour essayer de couronner son ardeur : c’était un vendredi, et j’eus lieu de juger que ce jour lui était funeste dans ses opérations, comme on le verra bientôt. Le soir, chacun s’étant trouvé dans cet excès de joie qui fait l’âme des parties, on commença un souper des plus sensuels qui se puissent imaginer. Les saillies s’animèrent, on se trouva en pointe : la conversation enjouée par elle-même ne roula